Portrait de Benoît Hamon

L'homme politique Hamon s'est créé au Parti Socialiste. Etudiant en première année d'histoire à l'Université de Bretagne-Occidentale, il se mêle tout d'abord aux manifestations étudiantes de l'hiver 1986 contre la loi Devaquet, qui selon lui aurait "instauré la sélection à l'université par l'argent". A cette époque où le clivage politique était relativement binaire et net, le jeune Hamon trouve parfaitement sa place dans une gauche profondément sociale et protestataire.
Ces premiers moments de militantisme ont ouvert la voie de l'engagement politique à Benoît Hamon : adhérent à SOS Racisme, il prend dans la foulée sa carte du Parti Socialiste et devient membre du Mouvement des Jeunes Socialistes, qu'il réformera profondément quelques années plus tard.
Il participe également aux réunions du mouvement des jeunes rocardiens FORUM, présidé par nul autre que Manuel Valls. Il y côtoie également Marisol Touraine, actuelle ministre des Affaire Sociales et de la Santé ou encore Olivier Faure, président du groupe socialiste à l'Assemblée. Il tisse ses réseaux au sein de ce groupe de réflexion où sa vision non-nationaliste de la politique étrangère attachée aux droits de l'Homme et aux relations internationales, résonne. Il y a également raffiné sa vision de la laïcité, centrée autour d'un fort attachement à l'esprit originel de la loi de 1905 et ses idées en matière de politique sociale (les groupes de réflexion rocardien ont distillé les concepts de RMI, de CSG ainsi que les prémices du Pacs respectivement appliqués en 1988, 1990 et 1999).
En 1991, il obtient sa licence et est assistant parlementaire du député rocardien Pierre Brana. Son efficacité et sa rigueur sont louées par M. Brana "Quand il rentre dans un sujet il le fait à fond". Ces qualités de travail et son engagement permettent au jeune diplômé de se rapprocher de plus en plus des sphères proches de son père politique spirituel Michel Rocard.
Avec le concours du Premier Ministre désormais secrétaire général du PS, Hamon réussit en 1993 un tour de force qui lui donne accès à de nombreux réseaux jusqu'à ce jour. Michel Rocard accorde son autonomie au MJS lors du congrès d'Avignon, Benoît Hamon en devient président. Il restera à la tête du mouvement jusqu'à la fin de l'année 1995. Président-fondateur, sa notoriété y est sans égale : le "putsch" fondateur est un vieux fantasme de la gauche et il l'a réalisé.
Lionel Jospin a perdu les élections présidentielles de 1995 face à Jacques Chirac. Hamon, qui avait oeuvré en tant que conseiller pour la jeunesse auprès du candidat socialiste, s'est alors présenté sans succès aux élections départementales de 1997 dans le Morbihan. Il trouve un refuge au cabinet de Martine Aubry, Ministre de l'Emploi et de la Solidarité en tant que conseiller. Les recommandations émises par Lionel Jospin à son égard l'y ont aidé. Benoît Hamon, surnommé le "Garde Rouge"a trouvé un soutien de poids auprès de la maire de Lille, le surtout après avoir aidé cette dernière à se faire élire à la tête du PS en 2008 face à Ségolène Royal.
2008 est une année-charnière pour le parcours d'apparatchik de M. Hamon. C'est grâce à l'alliance du Nouveau Parti Socialiste - créé en 2003 avec Arnaud Montebourg et Henri Emmanuelli - avec tous les autres courants de l'aile gauche du PS, de Jean-Luc Mélenchon à Gérard Filoche qu'il a pu peser dans l'élection au poste de secrétaire général du parti. Fort d'un quart des suffrages, il enjoindra ses électeurs à voter pour Martine Aubry. Ce qu'il fera également lors des primaires de la gauche de 2011.

Elu conseiller municipal à Bretigny-sur-Orge (Essonne) en 2001, député européen en 2004, conseiller régional d'Île-de-France en 2010, député des Yvelines en 2012, maire-adjoint de Trappes (Yvelines) en 2014 : en multipliant les mandats, Benoît Hamon a rodé ses discours de candidat. Il ne lui manque plus que l'expérience ministérielle à son CV de candidat, et elle ne se fera pas attendre : il est nommé ministre de l'Economie Sociale et Solidaire et de la Consommation en 2012 sous le gouvernement de Jean-Marc Ayrault, puis ministre de l'Education en 2014, sous Manuel Valls. Il quittera le poste au bout de 6 mois, ayant contesté la ligne du gouvernement en compagnie d'Arnaud Montebourg et d'Aurélie Filipetti, les ministres "frondeurs".
Au moment où la gauche est rongée par les divisions, son aile droite tentée par le mouvement d'Emmanuel Macron, l'aile gauche indécise face aux perspectives d'alliance avec Jean-Luc Mélenchon, Benoît Hamon se retrouve dans une position délicate. Réussira-t-il à nouveau à recréer l'espoir et l'unité du Congrès de Reims ? Le soutien timide de certains de la "gauche de gouvernement" et le silence éloquent du président Hollande ne sont en tout cas pas de bonne augure.

Mis à jour le 05 février 2017