C'est ça l'amour : chronique d'un monde qui s'en va et qui revient

Publié le 12 avril 2019 Mis à jour le 31 mars 2020

Lourabi Slimane dresse le portrait de C'est ça l'amour film dramatique français réalisé par Claire Burger et sorti le 27 Mars 2019 dernier. "Banalité ô combien actuelle, mais tellement bien transfigurée dans le film. Mario est en train de divorcer, tandis que sa femme s'en va, lui laissant leurs deux filles, plus ou moins marquées par la séparation, en fonction de leur âge."

Par Lourabi Slimane

Banalité ô combien actuelle, mais tellement bien transfigurée dans le film. Mario est en train de divorcer, tandis que sa femme s'en va, lui laissant leurs deux filles, plus ou moins marquées par la séparation, en fonction de leur âge.


Mario voit donc celle qui a partagé sa vie pendant vingt ans partir à jamais. En plus de la solitude, s'ajoute la mélancolie de la séparation, mal acceptée, pendant que son ex-femme tente, malgré tout de refaire sa vie en compagnie d'un nouvel homme. Mario n'arrive pas à s'y faire, beaucoup de choses lui échappent, la seule certitude creusée par le film reste néanmoins l'amour blessé par la rupture. L'amour-attachement se disloque au rythme d'une tentative toujours avortée de faire revivre un amour désormais caduc. Ce rythme se manifeste, symboliquement, par la participation de Mario à un spectacle laissant place à l'expression personnelle, dans une salle où travaille, justement, son ancienne compagne. Bien qu'au début du film, nous voyons de fait que la participation au spectacle n'est qu'un moyen pour revoir son (ancienne) femme, bien malgré elle, c'est en ce théâtre que s'opérera la rédemption, par l'amour. Rédemption qui sonnera comme un "happy ending" contrastant avec le reste du film qui vise avant tout à faire voir la déchirure d'un homme, devant les êtres qui s'éloignent irrémédiablement, sans que l'on y puisse rien y faire.

En effet, désormais seul avec ses filles, Mario remplit la fonction d'un père largement dépassé par les événements, mais profondément touchant, car montrant à vif les carences de la séparation blessante. Ses filles bien-aimées sont à la fois un exutoire, mais aussi un fardeau, pour quelqu'un, qui, je le cite, "ne sait comment y faire avec les femmes". C'est donc dans un milieu entouré de femmes, scandé par le concerto pour piano n23 de Mozart, partie 2 en Adagio, que Mario découvre les joies-peines de la rupture amoureuse, dans tout ce qu'elle a de plus sinistre. Même si une de ses filles tentera de le droguer, pour le fuir, même si celle qu'il aime, encore, ne cesse de se détourner de lui, il pardonnera, au nom de l'amour qu'il leur porte.

Bordé par des moments des plus touchants, ce film retrace l'histoire d'un homme abattu puis sauvé par l'amour, dans un long hymne paradoxal de la femme contemporaine, de plus en plus fuyante, mais, elle aussi, de plus en plus seule.
J'invite donc chaleureusement quiconque prêt à voir tous les effets de l'amour, dans ce qu'il a de meilleur et de plus triste, à voir ce film.

Mis à jour le 31 mars 2020