Isaure Levieux : l'exposition "Défaire"

Publié le 22 avril 2019 Mis à jour le 31 mars 2020

Le 26 mars se déroulait l’ouverture des marmites artistique avec la talentueuse Isaure Levieux, une artiste rennaise originaire de la Réunion qui nous offrait dans son exposition ‘défaire’ un voyage à l’intérieur de son jardin et du corps vivant.

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le 26 mars 2019

Le 26 mars se déroulait l’ouverture des Marmites Artistique avec la talentueuse Isaure Levieux, une artiste rennaise originaire de la Réunion qui nous offrait dans son exposition ‘défaire’ un voyage à l’intérieur de son jardin et du corps vivant. L’artiste nous invite à nous rendre à l’aide d’une lampe torche à l’intérieur d’une pièce entièrement plongée dans le noir pour admirer ses œuvres faites en betterave, sureau, sucre et feuille de riz.
Dans ce noir profond, en fond sonore des bruits de tambour résonnent, nous marchons petit pas par petit pas à la recherche d’œuvres accrochées sur le mur drapé d’un voile noir tout en nous questionnant sur l’intitulé de l’exposition ‘défaire’ et sur la signification des sons avoisinants.
La première œuvre représente deux poumons, ils ont l’air malade comme saupoudré de cendre noire, peut être est-ce dû au tabagisme ? Nous continuons notre périple à la recherche d’autres œuvres et tombons cette fois sur un cœur géant, il est grisâtre, il fait penser à de la pierre. Est-ce l’allégorie de la phrase ‘avoir un cœur de pierre’ ? Les sons de tambour en fond sont-ils en réalité des battements ? Plein de questionnement, nous continuons notre marche à la recherche de réponse.
La troisième œuvre, met en scène des intestin, un estomac et un foie sur des morceaux de sucre. Il est désormais peut être envisageable que cette exposition soit une dénonciation de la société de consommation. D’année en année, la consommation de sucre augmente tout comme le diabète dans les populations. En sortant de cette exposition, nous avons l’intime conviction d’être entré dans un corps malade, nous sommes allé au-delà de l’enveloppe corporelle. L’intitulé de l’exposition prend tout son sens, il faut se défaire des toxines de nos corps qui nous tuent à petit feu.
Le Phare Ouest a eu la chance d’avoir une interview avec l’artiste Isaure Levieux qui nous a confié entre deux anecdotes que c’est une œuvre sans message, chacun est libre d’interpréter l’œuvre comme il le souhaite.



► Interview

Défaire, pourquoi ce nom ?
L’artiste a nommé son œuvre défaire car elle essaye de défaire les codes, elle nous parle de l’intérieur du corps, de l’enveloppe de la peau et donne à voir ce que les gens ne veulent pas forcément voir dans la société moderne ( la chirurgie esthétique, le corps un peu normé), elle essaye de montrer le corps pour ce qu’il est, de montrer le corps dans sa matière, la matière réelle, car notre corps est composé de chair mais aussi d’organe.

Pourquoi ce choix de prendre des matières naturelles, tel que la betterave ou le sucre ?
Car tout simplement l’artiste travaille avec le vivant pour parler du vivant.


Pourquoi avoir plongé votre œuvre dans le noir profond ?
Pour accentuer l’ambiance, l’étouffement qu’on peut ressentir en observant ce travail, ou bien du dégoût ou se sentir oppressé. L’artiste voulait recréer un parcours intestinal à l’intérieur du corps. Il fallait que ça soit assez étroit pour rendre l’immersion un peu plus concrète. A l’aide de la lampe torche, c’est le visiteur qui circule selon les envies. De plus, les œuvres ne sont pas regardées de la même manière sous une lampe torche et sous lumière naturelle.

Avez-vous des sources d’inspiration par rapport à vos œuvres?
Michel Blasi qui travaille avec les matières organiques et laisse décomposer des légumes, le peintre Robert Rebeyrolle qui travaille sur le côté viscéral du corps notamment la chair et d’autres comme Anita Moiliro.

C’est votre première exposition ?
Non elle en a déjà fait quelques unes.

Quelles études a-t-elle fait ?
Elle est au beaux arts à Rennes actuellement et a un parcours hétérogène.

Votre parcours vous a-t-il influencé dans vos œuvres ?
Au départ, elle a fait de la restauration qui lui a donné goût au manuel, puis a fait un diplôme d’art et fresque de mosaïque, le côté artisanal de son parcours l’a amené à vouloir poursuivre le côté de la matière vivante et peindre en grand.

Si vous deviez donner une phrase pour illustrer votre exposition ?
Défaire : qui éclaire.



Par Hanane Talbi


Mis à jour le 31 mars 2020