Un dû parfois indu

Pourquoi « dû » perd-il son chapeau ? Comment savoir si écrire « dû à » est correct ou, au contraire, est la marque d’un abominable anglicisme ? Le correcteur ouèbe du Phare Ouest vous dit tout.

Chacun est en droit d’exiger son dû (ce qu’on lui doit). Mais si j’ai le droit à ce qui m’est , ce peut être une somme due, des prestations dues, des arriérés qui me sont dus. Vous l’aurez remarqué, c’est «chapeau» pour le dû, mais seulement le dû. Car il ne faut pas confondre ce participe de devoir avec le déterminant du (du pain, du fromage, la galère du RER). Si l’accord impose un ajout , le chapeau s’enlève par politesse ou par respect (due, dus, dues).

Ce petit piège n’est pas le plus grave. On peut employer à quand le participe s’emploie avec le verbe être : après une L1 difficile, sa réussite en L2 est due à l’acquisition de méthodes de travail efficaces (c’est le métier d’étudiant qui rentre). De même : la perturbation sur la ligne de banlieue était due à une panne d’aiguillage à Saint-Lazare (ça sent le vécu). Ça fonctionne aussi au pluriel : les aboiements étaient dus à un chien errant.

Dans les cas qui précèdent, est/était/étaient dû/due/dus/dues, le tour « était dû à» (on vous la fait plus simple) est l’équivalent de « était causé par ». Autrement dit, si vous pouvez dire blablabla était causé par blablala, vous êtes dans les clous.
Ce petit truc peut vous permettre de sombrer devant ce fléau des temps modernes qu’est l’anglicisme dû à calqué sur le bon anglais due to qui envahit notamment les textes journalistiques à la suite de traductions hâtives de séries américaines en VF (version française).

Or, si vous écrivez dû à un retard de Grouchy, Napoléon fut battu à Waterloo, vous commettrez une erreur en français. Dans cette construction, vous ne pouvez faire la substitution que nous vous indiquions : était causé par un retard de Grouchy, Napoléon fut battu à Waterloo ne veut rien dire. Donc, on oublie dû à quand on peut (mieux, bien mieux !) dire ou écrire à la place : en raison d’un retard de Grouchy, à cause d’un retard de Grouchy, du fait d’un retard de Grouchy, Napoléon fut battu à Waterloo (morne plaine).

Résumons-nous : quand vous pouvez remplacer, dû à par en raison de, à cause de, du fait de… faites-le ! Et quand ça n’a plus de sens (la pertubation était °en raison d’une panne), c’est dû à (et ses variations : due, dus, dues) qui est bien à sa place.

Et si ça ne suffit pas, on vous envoie la cavalerie… celle de Napoléon, bien sûr !

Rédigé par Luc Bentz
08/11/2017

Mis à jour le 09 novembre 2017