Critique du film Mon inconnue : La beauté de la rencontre

Publié le 4 avril 2019 Mis à jour le 31 mars 2020

Après la sortie du film Mon Inconnue le 3 Avril 2019 dernier, Slimane Lourabi étudiant à l'Université Paris Nanterre, nous propose une critique constructive de ce film français écrit par Hugo Gélin.

Date(s)

le 4 avril 2019


Par Slimane Lourabi

Aux débuts assez topiques, nous voyons cependant une sorte de magie s’opérer dans la rencontre qui unit Raphaël et Olivia, encore adolescents, que tout semble opposer. Elle, pianiste aux lunettes rondes, tapie dans le grenier du lycée, lui, rêveur banal qui continue d’écrire son premier roman, en plein cours. En réalité, il me semble que cet antagonisme, sûrement recherché par le réalisateur, rend la scène de la première rencontre encore plus saisissante.
En effet, il est tard, tandis que Raphaël, pétri dans ses pensées, est en retard, le lycée ferme ses portes. Mais, avant de partir, une mélodie se fait entendre : elle sera comme le fil conducteur du film. Annonciatrice, elle attire le jeune-homme qui se rend dans le grenier où il aperçoit sa future épouse, de dos, concentrée, persuadée d’être seule. Scotché à la musique qui se fait retentir dans les entrailles du lycée, il ne sait que dire à Olivia, lorsque, ayant terminé, elle se retourne vers lui. De cet indicible naît la rencontre qui se soldera sur un évanouissement partagé sur un banc devant le lycée, lui aussi symbole d’une histoire qui commence.
Mais, il y a un problème. Tout semble trop beau, tout coule de source dans ce couple qui, vivant des moments des plus « magiques », théâtraux, finit par se marier. Raphaël, devenu écrivain à succès, au point d’en oublier celle qui l’a rendu meilleur, tombe dans un monde parallèle où la femme qui était sienne, ne le connaît plus du tout. Devenu professeur de lettres dans un collège parisien, tandis que son « ex » épouse est une pianiste renommée, il est, de fil en aiguille, convaincu que c’est par la force de la – nouvelle - rencontre qui fera éclore l’Amour, que son cauchemar se terminera.
Ce film est véritablement un hymne à la rencontre toujours nouvelle, toujours ouvrant de nouvelles possibilités dans les existences de ceux touchés par une sorte de grâce, qui a quitté Raphaël, précisément, au moment où sa femme l’a oublié. Tout faire pour la faire re-tomber amoureuse, tout en re-faisant sa rencontre : voilà tout le défi du film. Tout faire pour que sa femme, désormais promise à un agent mondain, redevienne sienne, pour que, comme l’explicite, clairement, la voix d’un « plan-cul » du nouveau Raphaël, l’osmose qui unit les deux personnes les enlace à nouveau, comme si rien ne s’était passé.
Véritable succès, ce film prolonge le pathos jusqu’au bout en nous montrant un homme abattu, à la fin, écoutant à nouveau la mélodie jouée des années plus tôt dans le grenier du lycée Jacques-Decour, dans la salle de l’Olympia, par celle qui n’est plus sa femme. Plein de larmes, quittant la salle en cours de prestation, après avoir essayé de reconquérir le coeur de celle qui ne peut être que sa femme, ayant prévu d’épouser le lendemain son « nouveau » mari, il préfère partir avec pour mot de la fin « La plus belle chose de ma vie aura été de t’aimer. ». Parfait tableau d’un amour – enfin, aurait-on envie de dire - devenu pleinement savant de lui-même, parvenu à être, en somme, désintéressé, devant le bonheur esquissé de la vie d’une personne qu’on aime et qui s’en va, qu’on laisse partir, dans un moment de pure souffrance, cependant plein d’affection. Je laisse le dénouement inconnu, pour vous laisser la surprise de le découvrir.
En effet, pour voir comment tout cela se fait, dans un montage assez réussi, aux acteurs, pour la plupart, très bons, avec des scènes pleines d’humour, où le talent de François Civil perce l’écran, je vous invite à aller voir ce film, ce mercredi en salles.
 

Mis à jour le 31 mars 2020