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Review : La semaine du féminisme à Nanterre
Du 6 au 10 mars s’est déroulée sur le campus de Nanterre, et ailleurs, la semaine du féminisme, avec l’initiative de l’Union des Etudiants Communistes (UEC). Cette semaine particulière avait pour but de rappeler que les femmes luttent encore pour les mêmes droits et la même reconnaissance que les hommes. Cette édition 2017 a mis l’accent sur un thème fort : « le pouvoir aux femmes », en démontrant donc que la question de la place des femmes est centrale dans la société et est plus que jamais au cœur du débat électoral. Retour sur une semaine chargée.
Exposition à la Bibliothèque Universitaire : « L'Histoire n'est pas masculine »
Véritable cri du cœur pour mettre fin à cette domination patriarcale ancrée dans l’histoire. Cette exposition présentée toute la semaine dans le hall de la BU a un message significatif, celui de dire que non, le passé n’est pas réservé à l’histoire et aux mérites seuls de la gente masculine, et que oui, les femmes y ont contribué, et ont donné de leur voix pour assurer leurs revendications et leur engagement dans cette lutte commune du nom de "féminisme". Derrière les figures d’Olympe de Gouges, d’Alexandra Kollontaï, de Sakine Cansiz ou encore de Serena Williams, cette petite retrospective des grandes heures de l’histoire faite par les femmes a l’objectif de réactualiser les livres d’histoire ainsi que les biographies de Wikipédia, qui mettent sans cesse en avant les grands hommes en oubliant la plupart du temps les grandes femmes de l'histoire. Cette mise en abîme est également l’occasion pour l’UEC de nous rappeler les plus grands combats menés à l’initiative des femmes, que ce soit au sujet du droit de vote, de l’avortement ou de l’égalité salariale, batailles qui perdurent encore de nos jours.
Anais Fley, responsable du secteur de Nanterre de l'UEC, explique l'un des rôles de cette exposition : la sensibilisation aux questions féministes. Les sujets variés qui sont abordés servent selon elle, à améliorer la condition des femmes notamment sur le campus de Nanterre ; mise en place de cellules de veille pour chaque victime de violences et pratiques sexistes au sein même de l'université, instauration de crèches qui permettrait aux étudiantes ayant un enfant de pouvoir continuer leurs études, développement de pôles de santé publics qui se chargeraient alors des questions de contraception et relatives à l'IVG, ou encore destinés à la gynécologie.
Pour plus d’informations concernant cette exposition, rdv sur la page Facebook de l’UEC
Projection de film : La Loi, le combat d'une femme pour toutes les femmes
Réalisé par de Christian Faure, ce film retrace l'histoire du projet de loi qui dépénalisa l’avortement. Celui-ci fut porté en 1974 par la ministre de la santé de l’époque Simone Weil et eût un retentissement incroyable provoquant un véritable débat national. Ce qui fut en jeu à l’époque était bien plus qu’une question médicale, il s’agissait de redéfinir la condition féminine et de prouver que chaque femme a comme droit fondamental de disposer de son corps comme elle le souhaite. Ce film a été initialement présenté en 2014 pour commémorer les 40 ans de la loi, toujours très contestée aujourd’hui par une partie de la population comme le groupe des "Survivants" hostile à l'avortement. Le film projeté lundi fut suivi d’un débat sur l’IVG et sur le droit des femmes à disposer de leur corps. Discussion plus que nécessaire dans le contexte actuel où ces droits fondamentaux sont remis en cause, et trouvent une certaine opposition dans les rangs de l’hémicycle comme dans les rangs de sympathisants politiques d’horizon divers tels que les membres de la Manif Pour Tous. Le ton fut donné quant à la défense de cet outil d’émancipation des femmes, mais aussi quant aux extras qui pouvaient s’y affilier, comme les moyens de contraception, la pratique de la gynécologie, ou bien encore la lutte contre la pression sociale dont sont victimes les femmes. Suite à cela, des propositions politiques concrètes furent proposées afin que ce débat acquiert une plus grande visibilité ainsi qu’une plus grande diffusion.
Conférence : "les violences faites aux femmes"
Au deuxième jour de la semaine dédiée au féminisme, deux intervenantes sont venues débattre de leur rapport avec ce sujet parfois tabou en parlant notamment des motifs discriminatoires et des violences qui touchent les femmes aujourd’hui. Lorraine Questiaux, avocate au Barreau de Paris, a notamment développé un constat des violences et discriminations subies par les femmes au travail, que ce soit au travers de la différence de salaire, les propos sexistes, en allant même jusqu’au harcèlement sexuel, aux agressions et aux viols. Enfin Laureen Genthon, conseillère départementale des Hauts-de-Seine, a surtout développé la question des violences au sein de la famille, de la socialisation genrée, et de la remise en question de la prostitution et de la pornographie considérés par certains comme des travails comme les autres. Conférence suivie d’un débat plus que jamais important pour l’abolition de cette discrimination, voire de ces atteintes à l’intégrité physique des femmes dans tous types de milieux, où chacune comme chacun a pu partager son ressenti contre cette situation tout à fait anormale et particulièrement inacceptable.
Crédits : UEC Nanterre
La Marche Internationale pour les droits des femmes
Mercredi, départ commun à la gare Nanterre Université et arrivée à la place de la République à Paris. La marche a permis à diverses associations féministes de faire passer leurs messages. Un appel à la grève générale des femmes à 15h40 avait été lancé, rappelant celle du 7 novembre 2016 à 16h34 qui servait à lutter contre la différence genrée des salaires ( à partir de cette date, les femmes travaillent symboliquement gratuitement jusqu'à la fin de l'année). Bilan en chiffres : 8 000 participants selon les organisateurs. Le message était clair : « Pour l’Egalité et la Dignité ! C’est toutes et tous ensemble qu’il faut lutter ! C’est toutes et tous ensemble qu’on va gagner ! ».
Crédits : Matthieu Chatonnier
Deuxième conférence : "Un féminisme intersectionnel et décolonial"
Une lutte multiple expliquée par Kiyemis, blogueuse afroféministe et étudiante à Paris VIII, et par Antoine Lupera, membre du collectif LGBT+ Fier.e.s et révolutionnaires affilié au PCF. Conférence qui était également suivie d'un débat visant à expliquer la nécessité de developper et de faire entendre des groupes féministes comme celui de Kiyemis qui repose sur cette reconnaissance d’un groupe de femmes fières de leurs origines et de leurs cultures, (l’idée est que l’afroféminisme se distingue d’un mouvement féministe "blanc", en étant plus centrée sur les femmes noires), et sur l’importance de combattre les discriminations multiples dont les femmes noires sont victimes, et surtout des persécutions racistes qui perdurent malheureusement encore aujourd’hui.
Il en est de même pour les victimes de discriminations intersectionnelles. Théorisée par la juriste féministe américaine Kimberlé Crenshaw, l’intersectionnalité concerne une personne qui peut être victime de plusieurs discriminations à la fois, sans que cela ne soit reconnu comme une discrimination à part (l’exemple récurrent reste celui d’une femme noire, discriminée pour son sexe et pour sa couleur de peau). Une dimension d’accessibilité, critique et militante, qui répond à une revendication de l’histoire : reconnaitre la place des femmes noires de tous pays dans la lutte féministe mondiale, et dans la lutte féministe décoloniale. Evidemment en lien avec la lutte intersectionnelle et en faveur des droits LGBT+, le collectif d’Antoine Lupera a également une portée universelle, celle d’un appel à l’ouverture à l’autre, et de l’importance de discussions au sein même des universités sur ce genre de questions qui nous concernent toutes et tous.
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Réalisée nationalement dans tous les secteurs UEC de France, la Semaine du Féminisme 2017 s'est terminée avec des résolutions encore plus fortes et plus affermies : donner à toutes les femmes leur "chance", et plus encore de tout faire pour équilibrer la balance des égalités entre les deux sexes, et d’en finir avec les discriminations et violences encore tellement actuelles. Plus sensiblement encore, cette semaine fut l’occasion de découvrir des points de vue très divers de la lutte féministe, mais aussi de montrer la solidarité qui pouvait en découler pour faire entendre cette voix trop longtemps mise sous silence.
Mis à jour le 05 octobre 2017